Crane qui parle : Conte de Samhain – Conte d’Halloween

Il existe des passages, des portes entre les Mondes. Les magiciennes, les sorcières, les sorciers et les mages les connaissent et savent les emprunter, les ouvrir et les fermer. Toi qui n’est pas magicienne, sache que certains jours la communication et les voyages entre les mondes d’En Haut et d’En Bas, des vivants et des morts, des éveillés et des endormis, des conscients et des inconscients sont facilités pour tous. Si tu aimes voyager : viens, Samain est le meilleur moment. Prends juste garde de revenir avant que le passage ne se referme…

C’était un homme qui aimait voyager. Il avait roulé sa bosse en long, en large et en travers de la terre et ses jambes pourtant toujours le démangeaient le poussant à courir les chemins.

Ce jour – là, il est sur la route, sac sur l’épaule et bâton à la main quand il voit rouler un crane.

-Hé qu’est ce qui te prend toi ? lui crie- t-il. Tu veux venir déjeuner avec moi ?

-Je n’ai ni faim ni  soif, répond le cran. Demain tu es mon invité, si tu ne viens pas, je viendrais te chercher.

-Je ne sais pas encore ce que je fais demain, dit le voyageur en s’en allant.

Il marche dans une forêt sombre et arrive à une belle et grande route. Là sont deux corbeaux qui se battent pour la même nourriture. Il continue sa route et il voit un vieil homme qui puise de l’eau dans une cuve avec un sceau percé.

-Et toi, ton sceau est percé, crie le voyageur. L’autre ne réponds pas et ne lève pas même les yeux.

Il continue son chemin et arrive à une grande maison. La porte et les volets sont fermés, il a beau cogner et crier personne ne vient lui ouvrir, alors il ouvre un volet pour voir au moins ce qui se cache à l’intérieur…et des oiseaux par milliers s’en échappent. Il y en a tellement qu’il prend peur et referme le volet. En continuant il arrive à un ruisseau et là il revoit le crane.

-Tu n’as toujours pas faim et pas soif, lui demande le voyageur.

-Je n’ai ni faim, ni soif, viens avec moi dans le château. Alors, le voyageur suit le crane jusqu’à un grand château sombre. Là ils montent des grands escaliers, pénètrent des salles au plafonds immenses, le tout plein d’une infinité de petites lumières.

_Que sont toutes ces lumières, demande le voyageur.

-Ce sont les lumières de la vie, dit le crane. Tant qu’un être humain est vivant la lumière brille, s’il tombe malade elle vacille et s’éteint à sa mort.

-Oh ! dit le voyageur, extraordinaire ! Montre-moi la mienne.

Le crane lui montre une lumière presque entièrement éteinte et le voyageur est triste. Le crane lui demande alors ce qu’il à vu le long de son chemin.

-J’ai vu deux corbeaux qui se battaient.

-Ce sont deux frères qui se sont haïs, ils passaient leur temps à se disputer. Après leur mort tant qu’ils ne se sont pas pardonnés, ils continuent à se disputer.

-J’ai vu un vieillard qui puisait de l’eau avec un sceau percé.

-C’est un homme qui aimait les biens matériels, il en voulait toujours plus. Il doit puiser de l’eau et n’en aura jamais assez pour remplir son sceau.

-J’ai vu une maison emplie d’oiseaux.

-Ceux qui se sont envolés quand tu as ouvert les volets, sont des âmes damnées maintenant sauvées.

-Combien de temps crois-tu avoir marché? demande le crane.

Tout se met à tourner autour du voyageur, il se sent étrangement vide et comme s’il flottait sur l’eau.

-Et bien une journée entière, dit l’homme.

-Cela fait deux cents ans que tu marches, dit le crane, retourne d’où tu es venu à présent.

Le voyageur refit le voyage dans l’autre sens, il n’y avait plus d’oiseaux dans la maison, de vieillard avec son sceau et de corbeaux dans un arbre. Il continua à marcher et arriva à la ville dont il venait et où il était né. Il arriva à sa maison et sonna.

-Bonjour monsieur que désirez -vous, lui demanda une dame.

-Et bien j’habite ici, je voudrais bien rentrer chez moi, dit l’homme.

Il était là debout avec son costume ancien tout couvert de poussières, la femme eut pitié du voyageur et comme il répétait son nom, elle l’emmena voir les registres d’état civil. En consultant les anciens registres, ont trouva qu’il y avait bien eu une famille qui portait son nom mais qu’elle avait disparu 200 ans auparavant. On l’emmena chez la guérisseuse du coin et là après qu’elle eut dit une prière pour lui et comme il restait là sans bouger, les yeux fixes, elle lui toucha l’épaule et il tomba en poussière.

Alors, une tourterelle blanche apparus et s’envola dans le ciel.

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